mercredi 25 juin 2014

Course à pied : les raisons d'un arrêt



Un soir de janvier 2013, j'ai ouvert fébrilement une enveloppe qui contenait des résultats d'analyse de sang. Plantée sur un trottoir gelé (et déjà atteinte par un gros rhume), j'apprenais qu'après deux ans d'attente, de questions, de remises en cause et de dévorage de tablette de chocolat pour cause de règles, j'étais enfin enceinte. La joie a évidemment fait place à de l'angoisse : celle de faire une fausse couche, de ne pas y arriver. Mettre mes runnings au placard relevait de l'exploit, voire du paranormal. Boucler un marathon en moins de 3h30 devenait plus simple que de passer un an sans effluve de chaussettes-qui-puent. Mais j'avais décidé de le faire.

J'aurais pu courir. J'ai pris des avis et, biensûr, ils divergeaient. La première gynécologue qui m'a suivie me l'a juste déconseillé car "les chocs c'est pas bon". On parlait de footings hein, pas de fractionné ou de trails. Mais sa capacité à écouter était limitée et on ne peut pas dire qu'elle était d'une extrême jeunesse.
La sage-femme qui m'a suivie m'a dit a posteriori qu'on peut "conserver ses activités jusqu'au 5ème mois", sans tenir compte non plus du fait que j'étais une sportive chevronnée.

J'ai contacté par mail des sportives de haut niveau qui tiennent des blogs. L'une, triathlète, m'a dit qu'elle avait couru pendant 4 mois pour sa première grossesse, puis juste nagé jusqu'à la fin. Pour la seconde, elle souffrait de contraction et a arrêté vite.
L'autre, ancienne triathlète et marathonnienne, a eu un second enfant à 40 ans. Elle fait un marathon au premier mois puis s'est entraînée normalement (comprenez avec de la piste et quelques compétitions) pendant 7 mois.

Dans mon cas, la question était de faire un ou deux footings hebdomadaires pendant le premier trimestre. J'avais mis deux ans à tomber enceinte, j'allais sur mes 34 ans et mon ami 36. Je n'avais pas envie de gâcher nos chances. Quand on veut avoir un enfant, 13 fenêtres de tir de deux jours dans l'années paraissent soudain minuscules. En outre je n'étais pas certaine d'être capable de me tenir à une sortie hebdomadaire. Je fais partie de ces gens qui ont du mal à faire les choses à moitié et la demi-mesure a toujours un goût de pas assez, qu'il s'agisse de course à pied, de chocolat ou de vêtements en soldes.
Ma copine Catherine a achevé de me convaincre d'arrêter. Enceinte de sa deuxième fille, elle a passé cinq mois sur son canapé sous la menace d'une fausse couche, puis d'un accouchement prématuré, alors que le premier trimestre s'était déroulé sans heurt. J'ai donc finalement opté pour l'arrêt total, la piscine devenant mon refuge pour 8 mois.

Le plus dur a été le début. Les premières semaines, j'avais l'impression de voir des joggeurs partout (un peu comme quand on voit des bébés et des femmes enceintes partout quand on a décidé de faire un enfant). Je me sentais grosse et molle. En plus, les nausées m'ont oubliée, ce qui est une bénédiction pour certaines mais un calvaire pour moi qui était en permanence affamée. La bataille des kilos a été rude (j'y reviendrai plus tard) mais pas catastrophique. Heureusement, on s'habitue à tout. Alors que mon ventre s'arrondissait, mon sevrage d'endorphines s'est fait et la perspective de la maternité a pris le pas sur les rêves de petite foulée. Et puis j'ai marché, marché, marché, et ça n'était pas si désagrable, au fond.

L'arrêt de la course à pied, une étape franchie....